"
De la part du serviteur, humble devant son Seigneur, le pauvre, le démuni,
al Hajj al Abbas al Qadiri al Boutchichi, à ses enfants et ses frères
en Dieu.
Vous savez que j'aime le silence
et que ma nature discrète m'incite à ne pas beaucoup
parler.
Il n'en reste pas moins que vous
vous posez un certain nombre de questions, qui méritent un complément de
conseils et d'explications, à propos de cette responsabilité que la
providence divine m'a confiée voici quelques années.
Mes enfants, mes frères en
Dieu:
Vous avez dû comprendre, à
travers nos précédentes discussions, que la voie soufie que suivent nos
ancêtres depuis un siècle et demi est la voie qadiria, qui est une grâce
parmi les grâces du connaissant de Dieu, l'éduqué avec le secret divin,
celui qui bénéficie de l'assistance du prophète (SSP), celui qui est notre
grand père le plus élevé, notre maître Abd el Qadir al Jilani, que Dieu
nous fasse bénéficier de sa grâce.
Vous savez peut-être qu'à
l'époque où le destin allait me conduire, parmi ceux d'entre les membres
de la famille, à m'acquitter de la responsabilité de perpétuer la voie de
nos ancêtres, j'étais encore absorbé par les affaires de ce monde et je
travaillais dans l'agriculture.
En
vérité, les préoccupations de la vie m'ont empêché d'assouvir mon désir
d'étude des sciences religieuses lorsque j'étais jeune. Je me suis
contenté de connaître les prescriptions obligatoires de la shari'a
et de lire le Coran. Grâce à Dieu, je n'ai pas été privé de comprendre
la beauté des versets et des hadîths, de connaître la conduite du Prophète
(SSP), son comportement et les états de ses compagnons, ainsi que les
actes et paroles des saints.
Vous comprendrez que je ne suis
pas quelqu’un qui se vante, ni un savant qui peut se permettre la fatwa,
ni même quelqu’un qui peut guider les gens à la lumière du Livre et de
la sunna: cela c'est le travail des savants spécialisés dans l'étude des
textes et qui se penchent sur leur analyse. Ma relation avec vous est
une
relation spirituelle et éducative, basée sur la compagnie et l'amour de
Dieu, sur la réunion pour L'invoquer et s'exposer à Ses grâces, le désir
ardent de Le connaître, sur la générosité avec l'assistance du Prophète
(SSP), ceci afin d'aspirer à la pureté du cÅ“ur, au renforcement de l'être
et
à son illumination par la lumière de la foi et à tout ce qui en résulte
en matière de pratique spirituelle, d'éducation et de comportement, car
lorsque l'intérieur d'un être est pur, cela rejaillit sur
l'extérieur.
En effet, selon un hadith du
prophète (SSP) : " Il est une partie du corps qui, quand elle est saine,
rend tout le corps sain, et quand elle est viciée, rend tout le corps
vicié: Cette partie, c'est le cÅ“ur." C'est pour cette noble cause
uniquement que le serviteur sincère doit renforcer sa volonté et
s'orienter vers Dieu, sans chercher à deviner ce qu'il a choisi pour
lui.
Dieu et ses anges me sont
témoins que le jour où je suis venu voir mon shaykh et mon père spirituel
Sidi Abou Medienne, la miséricorde de Dieu soit sur lui, il ne m'est pas
venu à l'esprit un seul instant qu'un jour je serais digne d'hériter
de son secret et de lui succéder. J'étais venu le voir sincèrement, en
lui confiant les brides de mon âme, afin qu'il m'aide à connaître sa
réalité
(de l'âme) et qu'il enlève le voile qui sépare le serviteur de son
Seigneur.
Mais les voiles ne s'enlèvent
pas aussi facilement: II est pour cela indispensable d'avoir une intention
sincère et d'être éduqué par un maître authentique. Le fait de me trouver
dans la voie qadiri, la voie de mes ancêtres, et d'avoir eu pour père un
homme de Dieu, ne m'a pas pour autant empêché de vouloir rencontrer un
éducateur des âmes, sachant que c'est le seul moyen de transformer son
comportement et de se rapprocher
graduellement de Dieu. Mon
arrière-arrière grand-père constituait en cela un bon exemple: Dieu lui
ouvrit le coeur en lui faisant emprunter le même chemin que moi et il
confia son âme à un grand shaykh de son temps, bien qu'il appartint
lui-même à une famille soufie et qadiri. Il parvint ainsi, par la grâce de
Dieu, au degré où il lui fut permis d'invoquer le nom suprême (ism al
a'dham), puis il devint shaykh à son tour. Quelque temps avant sa mort, il
conseilla à son fils de cesser la pratique de la voie et de l'invocation
du nom suprême et de revenir à la voie "tabarruk", car ce dernier n'avait
pas atteint le maqam de l'éducation spirituelle. On peut ainsi constater,
à la lumière de cette histoire, qu'avant de pouvoir éduquer
spirituellement, il faut d'abord avoir accédé au maqam qui nous autorise
l'invocation du "ism" (Allah). En outre, les maîtres spirituels ont
toujours conseillé à ceux de leurs disciples qui n'étaient pas encore
arrivés au but de suivre leurs traces et de s'inspirer de leur
comportement après leur mort. C'est pour cette même raison que je vous
conseille de suivre celui qui viendra après moi (après ma mort), afin que
votre nafs ne vous arrête pas au milieu d'un aussi bon chemin: Car celui
qui recherche son Seigneur avec sincérité le cherche n'importe où et il
espère le connaître en premier lieu auprès de ceux à qui la grâce de Dieu
se manifeste.
Oui, j'ai accompagné Sidi Abou Medienne, la grâce de Dieu soit sur
lui, avec sincérité et fidélité, sans l'ombre d'un intérêt ou d'une
attente. Je retrouvai mon âme (originelle) et la paix en sa compagnie,
car je l'aimais, je l'aimais comme mon père ou même plus. Je ne me rappelle
pas lui avoir désobéi ou avoir pris ses conseils à la légère. Parmi ses
qualités, on pouvait noter l'humilité et le fait de se contenter de ce
qu'il avait; sa conduite était basée sur la sunna et il était connu
de tous pour son intransigeance à toute entorse à la shari'a lorsqu'il
en
était le témoin. Il n'acceptait pas que ses disciples abordent les devoirs
de la religion avec paresse ou qu'ils s'éloignent du comportement du
Prophète (SSP).
Je ne vous cacherai pas que la
plus importante conversation que nous eûmes eut lieu quand il m'a enjoint
de lui succéder après sa mort. C'était un éducateur des âmes devenues
pures après une période de clarification intérieure consécutive à la
pratique du nom suprême d'Allah, conseillée dans le Coran et la Sunna,
sans limite et sans nombre. Il s'agit là d'une station majestueuse que
seuls atteignent les disciples qui ont un maqam élevé, en particulier les
serviteurs de Dieu, les saints. Tout cela concerne ceux qui ont voué leur
vie au Coran et à la Sunna et qui cherchent à se comporter selon la
conduite du Prophète (SSP) et de ses compagnons. En revanche, ceux dont
l'intention est viciée, qui doutent de ce type de maqam et qui n'ont pas
bénéficié de l'aide divine doivent tout d'abord travailler à soigner leurs
âmes et à lutter contre les influences contraires.
La plus importante discussion
que j'ai eue avec S. Abou Medienne eut lieu à la fin de sa vie, quand il
me désigna comme son successeur. Je me suis alors excusé et j'ai désigné
ceux qui selon moi étaient plus aptes à s'acquitter de cette fonction. Il
me dit alors : "Tu te chargeras de cette mission de gré ou de
force"; Je me suis tu par politesse.
Après la mort de S. Abou
Medienne (la grâce de Dieu soit sur lui) en 1955, personne ne savait qui
allait lui succéder, car ma nature m'inclinait au silence et me poussait à
la régularité et à la continuité dans mon travail spirituel. Je désirais
également prendre le temps de me préparer à cette responsabilité et je
ressentais une grande peur de ne pas être à la hauteur. Je suis resté
ainsi silencieux pendant près de cinq années après sa mort, et je ne
voyais en moi aucune aptitude à éduquer. Je ne voyais pas en moi cette
confiance que lui, a vue en moi. Au contraire, je me voyais comme étant
le plus faible de ses disciples et le plus nécessiteux de miséricorde
et de grâce: Mais c'est Dieu qui a voulu les choses ainsi; le
serviteur de Dieu doit savoir
que la volonté divine est plus forte que sa volonté et qu'une autre force
que la sienne le guide. Une des raisons qui m'ont obligé à réagir et à
prendre mes responsabilités en 1960 tient au fait que, lors d'une réunion
de dhikr, je fus le témoin de choses qui n'auraient pas eu lieu si Sidi
Abou Medienne avait été encore en vie. A ce moment, j'ai senti pleinement
la responsabilité que je devais assumer et j'ai compris que j'allais être
jugé devant Dieu pour tout ce qui relevait du domaine de l'éducation
spirituelle, car j'avais jusque là toléré certaines choses sans tenter
de les corriger. J'ai alors accepté d'autoriser la pratique du dhikr
et du nom suprême et de faire connaître ensuite le testament spirituel
de Sidi Abou Medienne. C'est alors que "l'affaire" a été révélée à tout
le monde.
Dieu a eu pitié de vous et de
nous, et nous n'avons pas été obligés de faire comme les anciens disciples
dont les volontés étaient fortes et dont les efforts épuisants étaient
basés sur la victoire sur la nafs. Dieu connaît nos faiblesses et la
multitude de nos préoccupations dans cette époque, il nous a accordé la
grâce de tout résumer dans le dhikr et d'exceller dans les prières,
car le fait de pratiquer beaucoup de dhikr, d'accomplir tous ses devoirs
religieux et de s'arrêter aux limites prescrites par la Shari'a aide à
purifier le cÅ“ur, à vaincre le despotisme de la nafs et à enlever son
voile. C'est ce que Sidi Abou Medienne avait conseillé (la grâce de Dieu
soit sur lui). Une fois, il m'avait vu en train de peiner et de faire
plus
que ce que je pouvais: il me l'interdit en disant: "Nous sommes entrés
par la porte de la majesté et nous nous sommes fatigués, tu es entré par
la porte de la grâce et de la beauté, alors ne t'arrête pas". Ainsi
étaient les choses. On a laissé de côté le chemin de la force et de
l'isolement et on l'a remplacé par le chemin du dhikr et de la réunion.
Tout s'est très bien passé, grâce à Dieu. En très peu de temps, cette
voie de Dieu a illuminé le cÅ“ur des disciples qui ont eu une intention
droite et des objectifs nobles: Ils n'ont pas terni leurs intentions
par des
intérêts personnels ou des objectifs mondains. Invoquer Dieu et se réunir
pour cela n'est pas une chose nouvelle en islam. C'est une chose que le
Coran conseille dans toutes les situations et dans tous les états
(tristesse, etc...). Le dhikr se fait soit avec la langue, soit avec le
cÅ“ur, soit intérieurement, en s'efforçant de ne pas oublier Sa présence.
Dieu a dit: "Ceux qui oublient d'invoquer Dieu auront satan pour
compagnon".
Dieu a dit: "N'obéis pas à
ceux dont le cÅ“ur oublie de Nous invoquer et qui suivent leurs désirs, car
leur cause est perdue".
Il a dit: "II y a dans la
création des cieux et de la terre et dans la succession du jour et de la
nuit des signes pour ceux qui savent voir, ceux qui invoquent Dieu debout,
assis et couchés, et se souviennent de la création des cieux et de la
terre".
Dieu a dit: "des hommes que ni le commerce ni le troc ne
détournent du souvenir de Dieu".
Il a dit encore:
"Vous avez dans le Prophète
(SSP) un modèle excellent pour ceux qui croient en Dieu, au jugement dernier
et qui L'invoquent beaucoup".
De même, dans la Sunna, on trouve des
recommandations pour invoquer Dieu, seul, en groupe, en silence ou à haute
voix.
Le Prophète (SSP) a dit
"Dieu a dit: Je suis à
l'écoute de Mon serviteur quand il M'invoque. S'il M'invoque en lui-même,
Je l'invoquerai en Moi-même. S'il M'invoque dans une assemblée, Je
l'invoquerai dans une assemblée meilleure."
Le Prophète (SSP) a dit:
"Dieu a un groupe d'anges qui
s'arrête au-dessus des réunions de dhikr sur terre; profitez des jardins
du paradis! On a demandé: 0 Prophète (SSP), que sont les jardins du paradis?
Il a répondu : Ce sont les réunions de dhikr; allez et venez dans le
dhikr de Dieu!"
"Le Prophète (SSP) a dit: "Tous ceux qui invoquent Dieu sont entourés
d'anges, enveloppés de grâce, la paix descendra sur eux et Dieu les
mentionnera". Comme
vous le constatez, le Coran et la Sunna recommandent d'invoquer Dieu, de
se réunir pour Lui et de L'aimer. S'il y a un secret à apprendre dans
cette voie, quelle que soit l'époque, il réside dans la sincérité et
la fidélité, car Dieu ne regarde pas l'apparence de Son serviteur, ni
ses actes ni ses paroles, mais II regarde plutôt son cÅ“ur et son intention.
Par le moyen du dhikr, le cÅ“ur se prépare à contempler la vérité. La
vérité n'est pas à l'extérieur de nous, elle n'est pas dans les
livres, mais elle est en nous, et Dieu s'exprime à travers nos cÅ“urs.
Toujours, il se présente des signes, et si nous avons préparé nos cÅ“urs à
les comprendre avec l’œil de la vérité, nous progressons dans la voie.
Si nous ne sommes pas préparés, Dieu, dans Sa miséricorde, nous fera de
nouveaux signes. Par exemple, dans le cas d'une épreuve: Tant qu'on n'est
pas préparé à la comprendre, elle persiste; Dieu nous donne des signes
qu'on ne voit pas, on perd du temps et on ne progresse pas vers la paix
intérieure.
Question: "Que se passe t'il si
on arrête d'aller aux réunions et si on cesse la pratique du dhikr?
Peut-on avoir des problèmes ? " Réponse: "La seule chose qui
t'arrivera, c'est que tu ne progresseras pas; rien ne peut se passer si tu
n'ouvres pas ton cœur, tu perds ton temps".
La vie est une suite de signes.
Dieu (Exalté soit-II) ne cherche qu'à nous rapprocher de Lui, dans Sa
miséricorde. C'est nous qui ne savons pas lire Ses signes. Les épreuves
que nous avons, ainsi que les bienfaits que nous recevons sont des signes,
et nous devons essayer d'y voir Dieu. Le seul moyen de comprendre Ses
signes, c'est d'ouvrir notre cœur, et le seul moyen d'ouvrir notre cœur,
c'est de nous tourner vers notre maître et de pratiquer le dhikr "la ilaha
illa Llah". C'est cette attestation de l'unité de Dieu qui nous permet
progressivement de Le contempler en toutes choses, de chercher à
comprendre notre vie par rapport à cette quête de Dieu, de Le connaître.
Et II est en toutes choses, dans toute action: Lorsqu'on berce son enfant,
qu'on prépare à manger, qu'on agit pour la paix, pour le bien être
d'autrui; Mais le dhikr est indispensable, il est la source qui nous
nourrit et nous élève de notre état de conscience égotique à un état qui
nous transcende. Dans la voie, il ne suffit pas de prodiguer des conseils
ou de se vanter de les avoir appliqués, mais il faut que ces conseils et
ces actions se stabilisent dans la nafs. Avant, on disait: "La
rectitude (intérieure) est meilleure que mille dignités". On demanda
un jour à un gnostique pour quelle raison certains disciples s'étaient
séparés de lui, et il répondit: "Mon coeur est suspendu à la shari'a,
et celui qui ne respecte pas la shari'a se sépare de moi". Les
principes de la loi, Dieu merci, sont simples: On en trouve l'origine dans
le Coran et dans la Sunna. Les règles sont consignées dans les livres de
théologie et on en trouve un bon exemple dans le travail des hommes de
Dieu, dans leurs paroles, leurs actes et leur
comportement.
La Shari'a constitue ce qu'il y
a de mieux pour l'homme et la Sunna du Prophète (SSP) est le
meilleur guide.
Dieu a dit: "Tout ce que le Prophète (SSP) vous a apporté,
prenez-le, et tout ce qu'il vous a interdit, ne le faites
pas".
Le Prophète (SSP) a dit:
"Je vous ai laissé sur un
grand chemin blanc, de nuit comme de jour : C'est le livre de Dieu et la
Sunna du Prophète (SSP). Ne s'en séparent que les égarés."
Ainsi, mon testament pourrait
fort bien se limiter à vous indiquer ce que l'Islam nous a
recommandé et ce que le Prophète (SSP) a conseillé. D'un point de vue
juridique, on n'est responsable de l'erreur ou des crimes d'autrui que
dans la mesure de l'aide qu'on aurait pu lui apporter et des conseils
qu'on aurait pu lui donner. Le sort de toute la création est entre les
mains du Créateur, et c'est Lui qui jugera. S'il le désire, II pardonnera
par Sa bonté, ou II châtiera. Quoi qu'il en soit, le meilleur état pour un
croyant est celui où il travaille (spirituellement) de manière pure et
intègre, sans chercher son intérêt personnel. (...)
Un hadith dit que "Les cœurs
des serviteurs sont entre les deux doigts de Dieu; II les retourne comme
II veut". Dans une de ses prières, le Prophète (SSP) avait coutume de
dire: "0 Dieu, Toi qui retourne les coeurs, fixe le mien sur Ta
religion! ".
Ainsi, aucun degré de
connaissance et aucune science ne peuvent modifier le destin fixé par Dieu
de toute éternité. Quel que soit le degré d'élévation d'un être, il
paraîtra infime par rapport à la grandeur de l'état du Prophète (SSP).
Un hadith dit: "Par Dieu, je
ne sais pas ce que Dieu fera de moi, ni ce qu'il fera de vous, sauf s'il
m'enveloppe de sa grâce". C'est peut être ce hadith que S. Omar a
retenu et qui lui fit prononcer les fameuses paroles que l'on connaît
bien: "Plut à Dieu que la mère de Omar ne le mit pas au monde et qu'il
ne vit ni l'existence ni les hommes!" (Exemple de crainte
révérentielle). (...)
On vous a conseillé de faire
beaucoup de dhikr car cela purifie le cœur et garantit "la vie et son
soir". Quel remède, à part le dhikr, pourrait être utile à un cÅ“ur dont
les côtés sont obscurcis et dont le miroir est piqué? Et quelle médecine
en dehors du dhikr peut redonner à l'intérieur de l'être sa pureté et sa
stabilité? Toute chose a un remède, et le remède des cÅ“urs est
l'invocation (la ilaha illa Llah). Le dhikr influence l'âme et agit sur
les sens, il permet au croyant de vivre une "bonne vie" et d'être paré
d'un meilleur comportement. Le dhikr du cÅ“ur éloigne de toute
préoccupation mondaine et des déviations, ainsi que de beaucoup de choses
qui ne correspondent pas au degré des fidèles sincères. Dieu a dit:
"Ceux qui étaient morts et que Nous avons ressuscités et à qui Nous
avons donné une lumière pour cheminer parmi les hommes sont-ils comme ceux
qui sont dans l'obscurité et qui n'en sortiront
pas?".
Quand le dhikr émane d'un cÅ“ur
pur et illuminé par la lumière de la foi, satan évitera son chemin. Tous
les secrets et lumières divines qui frappent le cÅ“ur du disciple et lui
apparaissent parfois de manière évidente et sous différentes formes,
ont pour rôle de l'inciter à persévérer dans son cheminement et d'augmenter
sa soif de connaissance de Dieu. Néanmoins, il ne faut pas s'en préoccuper,
car tout ce qui arrive dans le monde de l'esprit est bien au-dessus
des
capacités de l'entendement humain. Selon le hadith: "adressez-vous aux
hommes en fonction de leurs capacités de compréhension, voudriez-vous
faire mentir Dieu et Son Prophète?". Ainsi, le disciple raisonnable
doit bien se comporter vis à vis de ces secrets s'il commence à les
entrevoir. Il doit faire preuve de vigilance, en relativiser l'importance
et faire de son mieux pour se contrôler de façon à ne pas sortir des
limites à observer, surtout en matière de religion. La sincérité absolue
est réalisée lorsque les états extérieurs sont en parfaite concordance
avec les états intérieurs et que tout sentiment extérieur naît d'un
sentiment intérieur. C'est sur ce point qu'a excellé l'éducation de Sidi
Abou Medienne, la grâce de Dieu soit sur lui. (...)
Quant à la 'imara, elle ne
constitue pas un objectif en soi. On ne doit pas travailler en vue de
l'avoir, et elle n'est autorisée qu'à ceux qui ne peuvent plus contrôler
leurs sentiments, leurs envies et leurs états, quand ils entendent le
dhikr ou la lecture du Coran et que leurs états intérieurs se répercutent
à l'extérieur sans qu'ils l'aient désiré. Il faut laisser celui qui se
trouve dans cet état (c'est son affaire), jusqu'à ce qu'il revienne à lui
et qu'il retrouve sa stabilité intérieure. Il demeure que la distinction
est claire, selon que Dieu est la cause de cette manifestation extérieure ou que le
disciple la provoque d'une manière artificielle.
Je
vous conseille également d'assister à beaucoup de réunions, car il n'y a
pas d'éducation sans compagnie, sans amour et sans fréquentation des
frères. Grâce à la régularité dans l'assistance aux réunions, la pureté et
la vie se transmettent entre frères. Il est alors possible de vaincre sa
nafs et d'améliorer son comportement. On peut également briser les
habitudes et échapper à ce qui nous aurait perdus, pour acquérir des
qualités et des habitudes qui mènent au bonheur et à la pureté. Vous avez
connu parmi vous des jeunes dont la vie s'était assombrie: Ils ne voyaient
rien de positif et l'enfer de la déviation était descendu dans leur cÅ“ur.
Bien qu'elle soit très vaste, la vie était devenue étroite à leurs yeux.
Puis (grâce à la voie), leurs vies se sont éclaircies et le nectar de la
tranquillité et de la paix s'est posé sur leur cÅ“ur. Ils ont goûté les
bienfaits de la foi et la paix de l'âme, sans lesquels tout bonheur est
impossible. C'est la vérité que l'homme découvre en lui, c'est la grâce de
Dieu quand elle touche les cœurs, qui provoque ce bonheur et font qu'on ne
voit dans le monde que pureté et joie, malgré tout ce qu'il contient comme
vices. De même, la colère de Dieu, lorsqu'elle descend, devient un enfer
insupportable. Les réunions de dhikr conduisent à cette sainteté quand
elles sont pures de tout intérêt personnel ou mondain ainsi que de tout
vice, car la lumière de la foi est un secret bien caché qui ne se transmet
qu'aux cÅ“urs purs et sincères. Par-là même, vous apprendrez à mettre
chaque chose à sa place et vous comprendrez que tout ce qui éloigne de
Dieu et tend à introduire des préoccupations d'ordre professionnel ou
mondain dans les réunions est un obstacle auquel il faut faire attention.
Dans les réunions, le faqir ne reçoit que selon la pureté de son
intention, et pas davantage; Celui qui vient aux réunions pour faire des
affaires ou par intérêt personnel a perdu là où les gens gagnent. Celui
qui a vidé son cÅ“ur de tout intérêt et s'est prédisposé à recevoir
l'influence spirituelle trouvera ce qu'il cherche, et il a réussi là où
beaucoup de gens perdent. Le Prophète (SSP) a dit; "A chacun selon son
intention: Celui qui émigre vers Dieu et Son Envoyé, c'est vraiment vers
Eux qu'il émigre et celui qui émigre pour une chose de ce monde à acquérir
ou pour une femme à épouser, c'est seulement pour cela qu'il émigre".
Mes enfants, mes frères en Dieu, tels sont donc mes conseils. Sachez que
lorsque je vous recommande une chose, je suis le premier à la mettre en
pratique, car Dieu me questionnera à propos de paroles que je n'ai pas
pensées ou à propos de recommandations que je n'ai pas appliquées. Sachez
que celui qui a dépassé les 80 ans, qui a perdu la santé et la vue à cause
de son âge avancé, n'a pas besoin de notoriété, ni d'argent, ni d'aucune
chose dans ce monde qui l'empêcherait de dire la vérité. C'est pour cette
raison que je vous conseille d'appliquer mes indications. Le meilleur
conseil que je vous donne, alors que je suis au seuil de la tombe, c'est
de compter tout le temps sur Dieu, dans tous vos états, de pratiquer avant
de parler et d'être sincère avec Dieu pour ce qui concerne votre pratique
spirituelle et vos paroles. Guidez avec sincérité, fidélité et pauvreté
les serviteurs de Dieu vers la religion qu'il nous a donné. "Gloire à
Lui, II connaît ceux qui se dirigent vers Lui et ceux qui se dirigent
ailleurs".
Vos relations et vos travaux (spirituels) doivent être basés sur
les conseils sincères les uns pour les autres, la concertation, la pureté
et le désir du bien. Le Prophète (SSP) a dit: "La vie traditionnelle,
c'est le conseil sincère. Envers qui, Ô Envoyé de Dieu? lui demandèrent
les compagnons. Envers Dieu, envers Son Envoyé, envers les imams et envers
les croyants, qu'ils soient d'un rang élevé ou inférieur". Prenez
garde que satan ne vous fasse pas dévier de la voie de Dieu et vous
éloigne des foqaras. Les hommes de Dieu en ont fait l'expérience: La
sincérité dans la voie chasse les impuretés comme le soufflet qui
chasse les saletés du feu. La
volonté divine est que ces secrets ne soient révélés qu'à ceux qui ont
une juste résolution, une intention sincère et qui ne viennent dans la
voie que pour guérir leur âme. Dieu a dit: "Dieu sait si vous avez
du bien dans vos cœurs, et II vous en donnera d'avantage".
Mes enfants, mes frères en Dieu, travaillez sur ce qui a été dit et
priez Dieu dans ce sens. Sachez que la sincérité envers Dieu et Ses
serviteurs est une qualité indispensable. C'est la base de la quête de
Dieu et du cheminement vers Sa religion. La preuve de la sincérité, c'est
quand l'extérieur est en accord avec l'intérieur, et quand les paroles
sont en accord avec les actes. Dieu a dit: "O, vous qui avez la foi,
croyez en Dieu et soyez avec les sincères". La communication de
la voie, plutôt que de réussir grâce à des mots, doit d'abord réussir
grâce
aux actes : Une bonne conduite et un bon comportement. Ceux qui exhortent
vers Dieu avec sincérité le font par leur travail et par une bonne
conduite, avant de le faire avec leurs conseils et leurs paroles.
Car il
n'y a pas d'islam sans travail sur soi et sans un bon comportement dans
lequel on s'efforce d'imiter la conduite du Prophète (SSP) et de
ses compagnons. C'est là la guerre sainte des musulmans, car le
Prophète (SSP) a
dit: " Les dernières communautés seront entourées des mêmes soins que
les premières". Oui, la sincérité est un gage accroché au cou de
chaque fidèle, et la quête de Dieu effectuée avec sincérité, ainsi que
le respect des indications de la shari'a sont des conditions aussi éternelles
que les cieux et la terre. Tout serviteur de Dieu qui désire suivre les
prescriptions du Coran et de la Sunna de notre Prophète (SSP) est chargé de
cette responsabilité.